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JEANNE MOREAU "ON A TOUS BESOIN D'AVIGNON

Jeanne Moreau : « On a tous besoin d'Avignon »
Elle était déjà là pour le tout premier Festival d'Avignon, il y a soixante-deux ans. La star y revient en majesté ce soir, pour l'ouverture de la grande fête estivale du théâtre.

 

Quand Jean Vilar eut cette idée folle de monter des spectacles en plein air à Avignon, en 1947, Jeanne Moreau participa à l'aventure. Première raison de s'émouvoir au moment du lancement de cette 63e édition, la comédienne française ouvre ce soir les festivités, avec une pièce mise en scène par le cinéaste israélien Amos Gitaï.


« La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres » retrace la prise de Jérusalem par l'Empire romain en 70 apr. J.-C. Parmi de nombreux comédiens et musiciens de toutes nationalités, Jeanne Moreau, 81 ans, incarne Flavius Josèphe, témoin, historien et narrateur de cet épisode. 

Quels souvenirs gardez-vous de votre premier Avignon, en 1947 ? 
Jeanne Moreau. J'avais 19 ans, j'étais élève au conservatoire, même pas encore entrée à la Comédie-Française. Un de mes camarades m'avait dit : « Tu as entendu parler de Jean Vilar ? Il prépare trois spectacles qu'il veut jouer en plein air à Avignon, il a besoin d'une jeune première. » J'ai passé une audition, j'ai été prise… Ensuite, en 1952, Gérard Philipe a voulu que je vienne, mais ça a été compliqué. 

Parce que vous faisiez partie de la troupe de la Comédie-Française ? 
Oui, j'étais encore sous contrat avec le Français. Alors, j'ai redistribué mes rôles aux copines, j'ai prétexté que j'étais malade et j'ai fait le Festival. Evidemment, à mon retour à Paris, on m'a fait un procès : je n'avais pas de sous et on me réclamait des dommages et intérêts. C'est Robert Badinter qui m'a tirée de là. 

Que pensez-vous du Festival d'Avignon tel qu'il existe aujourd'hui ? 
Il a suivi l'évolution du monde dans lequel nous vivons. C'est un vrai miroir de la création et de la société. On a tous besoin d'un festival comme celui-là. Quand tout est politisé, les seules personnes qu'on ne peut pas maîtriser, qui sont indépendantes, autonomes et dont la pensée nous fait avancer, ce sont les artistes. Voyez comme je manque de modestie ! 

Comment vous sentez-vous à Avignon ? 
J'y suis très heureuse !

Vous y revenez ce soir avec un projet audacieux… 
Quand Amos Gitaï m'a parlé de « la Guerre des fils », ce livre auquel il est très attaché, quand il m'a proposé de transmettre la parole de Josèphe, j'ai accepté. Je m'intéresse beaucoup à ce qui se passe au Moyen-Orient parce que je ne supporte pas qu'on dise que les juifs sont une race. C'est un peuple. Flavius Josèphe, que j'interprète, a été obligé de devenir romain. C'est comme si nous, on donnait la nationalité française à tous les émigrés dès lors qu'ils appartiennent à une élite, et que l'on usait et abusait des autres pour les renvoyer quand ils ne peuvent plus servir. 

C'est votre premier rôle dans l'ancienne carrière de pierres de Boulbon, à l'écart de la ville ; mais avez-vous déjà été spectatrice ici ? 
Non, surtout pas ! Je suis une trop mauvaise spectatrice de théâtre. Je souffre d'être dans le public. Je connais trop la vulnérabilité de ceux qui sont sur scène. Je n'aime pas entendre des réflexions, les gens qui bougent, qui toussent au mauvais moment…

Propos recueillis par Caroline Andrieu



08/08/2009
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